La relativité générale est-elle une théorie de la gravitation ou un cadre géométrique ?

La jauge harmonique

Une application : Sur l'effondrement gravitationnel

Les équations d'Einstein, un système de 10 équations à 10 inconnues, certes mais ...
Pourquoi oublie-t-on de dire que les inconnues sont des fonctions de 4 variables ?
En fait, il y a trop peu d'équations (les équations d'Einstein) par rapport au nombre d'inconnues (les coefficients à 4 variables de la métrique). Certes il y a des conditions aux limites qui permettent de déterminer des constantes d'intégration, mais elles ne suffisent pas. On peut également utiliser le concept mathématique de conditions de Cauchy, qui permet d'obtenir des théorèmes d'unicité de solutions. Hélas, ou heureusement ! même dans l'exemple de problèmes à symétrie sphérique, on est loin de l'unicité. La relativité générale est un cadre géométrique qu'il faut complèter pour obtenir une théorie de la gravitation. Précisons un peu.
L'ambiguité de la relativité générale est très rarement mise en évidence dans les ouvrages sur la gravitation. Si cependant l'ambiguité sur la métrique solution d'un problème est signalée et démontrée par certains auteurs (c.f. S. Weinberg sections 7.4 et 7.5, ou encore par S. Hawking et G. Ellis, chapitre 7) qui montrent qu'il faut une jauge pour lever l'ambiguité de la métrique, il est très rare de voir une étude de l'ambiguité de la relativité générale du point de vue des géodésiques suivies par les corps en chute libre (corps d'épreuve). Il y a une croyance disant que peu importe la métrique solution (peu importe la jauge), les géodésiques sont les mêmes!
Cette croyance est fausse, bien que fondée sur le concept de covariance, car elle s'appuie sur l'ambiguité de l'expression "les géodésiques sont les mêmes", expression traduisant à la fois une covariance de nature locale (des équations des géodésiques) et à la fois des contraintes associées à des conditions aux limites (jamais covariantes).

Le plus rapide pour comprendre l'ambiguité sur les géodésiques, est d'étudier le problème le plus simple, les géodésiques dans un champ central à symétrie sphérique (émis par une boule "statique"). Par exemple,
la période de rotation d'un satellite (corps d'épreuve) dépend de la jauge choisie !
L'étude des géodésiques montre, à l'évidence, qu'il faut une jauge pour confronter sans ambiguité la relativité générale aux observations. A propos de jauge, il est intéressant de revenir sur le travail de K. Schwarzschild; en fait on donne à tort son nom à une métrique qui n'a rien à voir, sinon comme astuce technique, avec son travail. La solution proposée par Schwarzschild provient d'une "jauge", celle de déterminant un; de plus, K. Schwarzschild avait déjà signalé en 1916, l'ambiguité de la relativité générale dont les principes généraux avaient été établis 6 mois plus tôt par A. Einstein.

"Dans la relativité générale, à chaque fois qu'on fait un pas il faut s'arrèter pour nettoyer ses chaussures." J.-M. Souriau.

Sur la jauge harmonique

Introduite très tôt, par De Donder en 1921 et Lanczos en 1922, elle s'inscrivait dans la problématique du moment, à savoir trouver un "meilleur système de coordonnées". Elle s'appelle toujours "condition des coordonnées harmoniques", dénomination pas très heureuse car celà cache sa signification de jauge.Une fois une jauge écrite dans un système privilégié de coordonnées, il est tout à fait possible de la transcrire de manière covariante; ceci est un fait bien connu. Ainsi toute jauge peut et doit s'écrire de manière covariante. C'est Logunov qui est le premier, à ma connaissance, à écrire la jauge harmonique de manière covariante.
Justifications diverses de la jauge harmonique :
1- Par analogie avec l'électromagnétisme; Dans cette théorie la jauge de Lorentz est incontournable, par une présentation similaire de l'electromagnétisme et de la gravitation, la condition dite de "coordonnées harmoniques" est établie.
2- Le champ gravitationnel se propage à la vitesse de la lumière car la jauge harmonique préserve le d'Alembertien.
3- Les lois de conservation peuvent s'écrire sous forme intégrale c.f. V. Fock.
4- Le formalisme P.P.N. (i.e. l'approximation post-Newtonnienne) qui seul peut permettre l'interprétation des résultats d'observation, nécessite la jauge harmonique c.f. S. Weinberg chap. 9.4.
5- Si le champ gravitationnel est transporté par le graviton (supposé de masse nulle et de spin 2) alors toute métrique traduisant un champ gravitationnel vérifie la jauge harmonique. C'est un théorème sur les représentations du groupe de Poincaré. Plus précisément, si l'on considère la représentation du groupe de Poincaré, i.e. le groupe des invariants de l'espace de Minkowski, dans l'espace des deux-tenseurs symétriques elle contient des représentations de spin 2, 1 et 0; aussi si l'on veut un champ gravitationnel qui ne soit pas transporté par une particule de spin 1 (le photon), i.e. compatible avec l'électromagnétisme, il faut restreindre cette représentation au sous-espace des deux-tenseurs symétriques tels que cette représentation ne contienne pas la représentation de spin 1, ce qui impose des équations d'orthogonalité.
6- L'étude des ondes gravitationnelles est toujours faite dans un système de coordonnées harmoniques; la justification souvent donnée vaut son pesant de gratons (comme on dit à Lyon) : les calculs sont plus simples!
Les justifications 1, 2 et 3 sont heuristiques, par contre les justifications 4 et 5 sont importantes.

Nul doute que dans un proche avenir on puisse tester la validité de la jauge harmonique.

Sur l'effondrement gravitationnel

Il est communément admis que toute étoile ou astre a une vie, qui après différentes phases (séquence principale, géante rouge, novae ou supernovae , etc... ), devient un astre mort, un "déchet" froid ne pouvant plus trouver en son sein un regain de vitalité. Les astronomes et astrophysiciens disent même que tout soleil évoluera vers une situation très stable finale du type naine blanche ou étoile à neutrons ou encore "trou noir" suivant la masse de cette étoile. Nous avons donc des objets limites, qui dans la mesure où ils n'évoluent plus, peuvent être considérés sous le seul point de vue gravitationnel.
PAGE EN COURS DE REDACTION
En utilisant la jauge harmonique, nous obtenons :


c'est-à-dire, la limite trou noir ne peut pas être approchée suite à un effondrement gravitationnel !
Il est à signaler que pour une étoile à neutrons, nous trouvons le même ordre de grandeur de masse critique que celui utilisé dans la littérature obtenu à partir de considérations d'équilibre interne.