Les projections cylindriques
Pour les projections cylindriques, on considérera un cylindre tangent à
l'équateur, un cylindre sécant ou extérieur n'introduisant qu'un facteur d'échelle.
En coordonnées cartésiennes, les projections cylindriques sont, dans un repère convenable, de la forme
et
|
avec .
Réécrivons les conditions 1,2,3 dans ce contexte.
Condition 1 (équivalence)
La condition s'écrit .
Condition 2 (conformité)
Les conditions s'écrivent simplement .
Condition 3 (équidistance)
La condition s'écrit .
La projection cylindrique perspective
-
D'abord, la projection cylindrique perspective. On considérera que
le point à partir duquel s'effectue la projection est le centre de la
sphère, et que le cylindre est tangent à l'équateur. On trouve géométriquement que
,
et donc
et
|
Cette projection, contrairement à ce qui traîne dans de nombreux manuels de géographie,
est différente de celle de Mercator. Les régions polaires se retrouvent projetées à l'infini.
Elle déforme énormément et n'est jamais utilisée.
La projection cylindrique équidistante
- La projection cylindrique équidistante est de la même forme.
Pour obtenir l'équidistance,
et
doivent vérifier la condition 3 qui s'écrit alors
,
soit, puisque
,
.
Pour avoir une carte non retournée, on prend bien sûr
pour avoir une échelle des aires positive.
Finalement
et
|
La latitude est projetée par "dépliement" d'un arc circulaire
de sphère sur un segment vertical du cylindre tangent à l'équateur de même longueur.
On obtient la projection dite quadratique, ou des cartes plates carrées,
la plus simple qui soit.
La projection cylindrique de Lambert
-
La projection cylindrique équivalente est de la même forme. Pour obtenir
l'équivalence,
et
doivent vérifier la condition 1 qui s'écrit alors
,
d'où .
On obtient donc
et
|
C'est la projection cylindrique de Lambert (à ne pas confondre avec les nombreuses autres projections
portant ce nom) ou isocylindrique. Elle s'obtient géométriquement par
projection orthogonale de la sphère sur le cylindre tangent à l'équateur.
La projection de Mercator
- Enfin, la projection cylindrique conforme. Toutes les projections
cylindriques vérifient la première partie de la condition 2. La deuxième
condition s'écrit (au signe près)
.
On vérifie que
respecte bien cette contrainte. Cette quantité est appelée ''variable de
Mercator'' ou ''latitude croissante'' et souvent notée
.
On a donc
et
|
Du fait de la propriété mentionnée ci-dessus, elle intervient directement dans
beaucoup de projections conformes. La projection de Mercator
ainsi définie est conforme mais exagère beaucoup les surfaces proches des
régions polaires (lesquelles sont projetées à l'infini) : à la latitude
l'échelle des aires est déjà
.
Remarque
Un parallèle plus égal que les autres. Dans ce qui précède,
on a toujours supposé que l'échelle était conservée sur l'équateur. On
peut, par une application affine, rendre un autre parallèle de vraie
longueur et même le rendre automécoïque, c'est-à-dire supprimer toute
déformation à son niveau, de manière à conserver les autres propriétés de
la projection (équidistance, équivalence, conformité). Ceci signifie que
la carte est conforme le long de ce parallèle et que les deux échelles
locales selon les parallèles et les méridiens valent
.
Si la projection cylindrique s'écrit
et ,
et si l'on veut conserver le parallèle de latitude
,
il suffit de prendre
et
|
La projection quadratique devient ainsi la projection
''des cartes plates parallélogrammatiques''.
Pour la projection de Mercator, ceci est une simple homothétie
(cette projection étant déjà conforme partout).
À partir de la projection cylindrique de Lambert, on peut obtenir, en
particulier, la fameuse projection de Peters, dont il convient de
dénoncer l'hypocrisie : elle se présente en alternative de la projection
de Mercator, dans laquelle les pays en voie de développement, de faible
latitude, sont plus petits que les autres ; la projection de Peters,
elle, conserve bien les surfaces, mais on a choisi
de manière à ne pas déformer les pays développés,
ce qui a pour conséquence, naturellement, de déformer considérablement
les P.V.D., et ceci est souvent présenté comme une fatalité, le prix à
payer pour obtenir l'équivalence !
La projection sinusoïdale
Des parallèles à bonne distance.
Avant de passer aux projections azimutales, considérons, pour le plaisir,
le problème suivant : trouver une projection méricylindrique équivalente
telle que les parallèles soient régulièrement espacés. On a ici, toujours
en posant l'équidistance sur l'équateur,
et
avec ,
et .
On doit, en tout point, avoir
,
d'où une famille de projections
et
|
L'échelle sur les parallèles vaut en tout point
, et l'échelle sur le méridien central
,
ce qui incite à prendre ,
projection qui sera conforme sur l'équateur, qui représentera tous les parallèles par leur véritable
longueur et qui sera équidistante sur le méridien central. Cette projection est appelée
sinusoïdale, ou de Sanson, ou de Flamsteed
(ou encore sinusoïdale de Sanson-Flamsteed).