3 Points selles (Niveau L2-L3)
Les points critiques qui ne sont pas des extrema peuvent être de différents types. L’absence d’extrema peut être visible sur une droite passant par s’il y a un point d’inflexion (comme pour dans ) et il peut y avoir des points critiques qui sont des maxima dans certaines directions et des minima dans d’autres. Ces points ont un certain intérêt et seront nommés points selles.
Définition B.3.
Soit et et .
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8.
Soient deux sous-espaces vectoriels et supplémentaires (c’est à dire et ) On dit que est un point selle (resp. point selle local) de selon la décomposition si est un minimum (resp. minimum local) pour la restriction de au sous espace affine , et si est un maximum (resp. maximum local) pour la restriction de au sous espace affine . On parle de point selle si il existe une telle décomposition.
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9.
Si de classe . Soit un point critique de , un sous espace vectoriel est un plan d’inflexion si pour toute droite passant par inclus dans , n’a pas d’extrema local en .
Remarque B.1.
La décomposition d’un point selle n’est pas forcément unique et on ne demande rien en dehors , en particulier, il peut y avoir des plans d’inflexion en un point selle (ex , est un point selle local dans la décomposition car a un minimum local en et un maximum local, de même est un point selle dans la décomposition mais est une droite d’inflexion)
Proposition B.5.
Soit de classe
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10.
Si est un point selle de , c’est un point critique de .
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11.
Si est et est un point critique de . Si est non-dégénérée, ni positive ni négative, alors est un point selle local de .
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12.
Si est un point critique de est un plan d’inflexion en de dimension alors n’est pas un point selle local. De plus si est pour tout ,
Démonstration :
Pour (1) on remarque qu’il suffit de montrer ce qui ne dépend pas de la base de on peut donc supposer point selle pour la décomposition , . Comme f restreint à à un minimum local, les premières dérivées partielles s’annulent, les n-k dernières s’annulent à cause du maximum sur , d’où
La preuve de (2) nécessite quelques bases d’algèbre linéaire. Pour (2), comme est non dégénérée, les valeurs propres de (les racines du polynôme ) sont non nulles. Comme la matrice n’est ni positive ni négative, il y a à la fois des valeurs propres positives et négatives. Soit l’espace vectoriel engendré par les vecteurs propres (les tels que qui existent car si , n’est pas injective donc a un noyau) des valeurs propres strictement positives, et de même avec les négatives. restreint à est positive donc admet un minimum local et de même pour .
Pour (3), si et supposons par l’absurde point selle, on a , on a soit , soit , disons qu’on se trouve dans le premier cas, alors implique donc une contradiction car la restriction de à toute droite dans devrait avoir un minimum local en et un point d’inflexion à la fois. Si on a vu que cela suffit à ce que ait un extremum local sur la droite vu si , □
Théorème B.6.
Soient des compacts convexes et continue. Si pour tout , est convexe et est concave, alors il existe un point de qui soit un point selle selon la décomposition autrement dit :
De plus, (B.1) est équivalente à l’égalité :
Remarque B.2.
On a des et au lieu d’inf et sup car des fonctions continues sur des compacts atteignent leurs bornes (cf. la preuve pour la continuité de et de façon similaire de .
Dans le cas où est bilinéaire, ce résultat s’appelle le théorème du min-max de von Neumann. Il a une signification en théorie des jeux. Si donne la valeur que gagne un joueur en position si et la valeur que gagne le joueur (et perd le joueur A) si . Si ne peut influencer que la direction et seulement la direction . Alors un point selle est un ”équilibre de Nash” c’est-à-dire un point où ni ni n’ont intérêt à changer leur stratégie, car si change sa stratégie celle de étant constante, étant donné que le point selle est un maximum, va perdre en gain, et de même si change sa position avec celle de constante, le caractère de minimum dans la direction du changement de montre que ne peut que perdre plus.
Démonstration :
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est toujours vrai. Comme pour tout , , on déduit en prenant le max : soit en prenant un en :
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De plus, en considérant de , on a :
d’où l’égalité complète en rassemblant les 3 dernières inégalités.
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est continue.
Soit , , soit (resp ) atteignant le pour (resp ) c’est à dire : Supposons que ne converge pas vers . Par compacité, on peut extraire une suite telle que . Par continuité de :
Or donc en passant à la limite par continuité de , une contradiction.
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On prend réalisant le minimum c’est à dire tel que :
Il existe par la continuité du point précédent et par compacité. De même, il existe réalisant le maximum :
Donc pour tout , en utilisant (B.2) pour l’égalité du milieu, on obtient :
En prenant , , on voit , ce qui dit donc que est un point selle.
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Montrons (B.2). Considérons, pour ,
Comme est strictement convexe, il en est de même de pour tout (convexe plus strictement convexe donne strictement convexe).
Montrons que pour tout , la fonction a un unique minimum. En effet, si sont deux minima, par stricte convexité : en contradiction avec le caractère de minimum. Donc on a un unique atteignant le minimum de Par le deuxième point (appliqué à ) est continue, donc atteint son maximum en . En conséquence, par la définition de et le choix de
Soit , on a par concavité :
En prenant , on obtient
Vu que maximise , en soustrayant et divisant par , on a :
On veut prendre , voyons que est continue. Supposons , et supposons par compacité, on a une suite extraite telle que . Par continuité
l’inégalité stricte venant de l’unicité du minimum d’une fonction strictement convexe.
Or par définition donc en passant à la limite une contradiction.
On a donc montré la continuité de .
Donc en passant à la limite dans l’inégalité , on obtient : et ce pour tout Par ailleurs par définition de , . Autrement dit est un point selle de . Par l’implication , on déduit, vu (avec par compacité) :
En prenant , on obtient l’inégalité qui manque pour avoir pour .
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