2 Compléments sur les Boréliens

On rappelle que la tribu des boréliens d’un espace métrique (X,d) est la tribu engendrée par l’ensemble des ouverts 𝒯. (cf. définition 4.6). En pratique, il est difficile de décrire tous les boréliens (les ouverts sont déjà difficiles à décrire), mais on n’a pas besoin de description explicite (juste de familles génératrices simples, et stables par intersections finies).

Remarque C.1.

Il existe des ensembles qui ne sont pas boréliens sur , et donc des fonctions non-boréliennes. Ils ne sont pas si faciles à définir, donc en pratique, tous les ensembles qu’on rencontrera seront boréliens.

2.1 Espaces métriques séparables et leurs boréliens

Définition C.2.

Une partie A est dite dense dans E si A¯=E. Un ensemble est dit séparable si il admet un sous-ensemble au plus dénombrable dense (ou autrement dit une suite dense).

Lemme C.4.

Un sous-ensemble F d’un espace métrique séparable est séparable.

Démonstration : 

On peut supposer F non-vide, sinon, c’est évident (la partie vide donc finie est dense). On fixe donc x0F

Soit un une suite dénombrable dense. Soit am,nB(um,1/n)F si cet ensemble est non-vide, et sinon on pose am,n=x0. La famille {am,n,m,n} est finie ou dénombrable et dense car si xF il existe d(um,x)<1/2n donc am,2n existe car B(um,1/2n)F est non vide et par inégalité triangulaire d(um,am,2n)<1/n.   □

Proposition C.5.

(n,||.||) est séparable.

Démonstration : 

On a vu que n est dénombrable comme produit d’ensembles dénombrables. Montrons qu’il est dense dans n. En effet si x=(x1,,xn) on pose xp=(px1p,,pxnp) avec x la partie entière de x. Donc pxipxipxi+1 et

|pxipxi|1p

donc xpx1/pp0. Donc vu xpn, xn¯. Comme x est arbitraire. nn¯ CQFD.   □

Exercice C.1.

Montrer que c est dense dans .

Proposition C.6.

Soit (X,d) un espace métrique séparable, alors la tribu borélienne est engendrée par les boules ouvertes (X)=σ(B:BouleouvertedeX).

Démonstration : 

Toute boule ouverte est un ouvert donc {B:BouleouvertedeX}(X) et donc en passant à la tribu engendrée: σ(B:BouleouvertedeX)(X).

Le contenu de la proposition est la réciproque. Il suffit de montrer que 𝒯σ(B:BouleouvertedeX) car alors, en passant à la tribu engendré, on obtient (X)σ(B:BouleouvertedeX).

Montrons qu’en fait, tout ouvert U est union au pus dénombrable de boules ouvertes. Comme X est séparable, c’est aussi le cas de U. Soit D={xn:n}U une suite dense. Comme U est ouvert, il existe rn]0,+[ tel que B(xn,rn)U. Soit donc A={(xn,rn):rn]0,+[,B(xn,rn)U} est donc a.p.d comme sous-ensemble d’un produit d’ensembles dénombrables. Donc en passant à l’union on a :(xn,rn)AB(xn,rn)U. Montrons que

U=(xn,rn)AB(xn,rn)σ(B:BouleouvertedeX)

Soit xU, il existe r>0 avec B(x,r)U. Puis il existe n tel que d(x,xn)<r3 et soit rn avec r/3<rn<r/2 (par densité de dans = donc xB(xn,r/3)B(xn,rn)B(xn,r/2)B(x,r)U donc (xn,rn)A et x(xn,rn)AB(xn,rn). Comme x est arbitraire, on a l’insclusion réciproque qui conclut: U(xn,rn)AB(xn,rn).   □

Preuve du Corollaire 4.17

Il suffit de remarquer que (¯)=σ({{+},{}}{]a,b[:a<b<a+2}), car ¯ est séparable ({+,} est dense car la densité sur coïncide avec la densité usuelle vu qu’on a les mêms ouverts, cf TD 1) et que les ensembles de la partie génératrice sont les boules ouvertes pour d¯.

Il suffit de noter que ]a,b[=n1[a1n,b+1n]σ({{+},{}}{[a,b]:a<b}) pour déduire que

(¯)=σ({{+},{}}{[a,b]:a<b})

Par le lemme 4.13, on a alors que f est mesurable si et seulement si

  1. 7.

    f1({})𝒯

  2. 8.

    f1({})𝒯

  3. 9.

    Pour tout a<b, f1([a,b])𝒯

C’est exactement le résultat voulu (et on a vu que le dernier point équivaut à la mesurabilité de la restrition de f à .

2.2 Preuve du lemme 4.6

Pour rappel, on veut montrer que

(n)=σ(i=1n]ai,bi[,ai<bi).

Comme les produits d’intervalles ouverts sont des ouverts, et que les boules ouvertes pour la norme infini sont des boules ouvertes, on a

{B:Bouleouverteden,||||}{i=1n]ai,bi[,ai<bi}𝒯.

Donc en prenant la tribu engendrée et en appliquant la proposition C.6 sachant que n est séparable par la proposition C.5, on obtient:

(n)=σ({B:Bouleouverteden,||||})σ(i=1n]ai,bi[,ai<bi)σ(𝒯)=(n).