4 Compléments sur la construction de l’intégrale

4.1 Intégrale des fonctions étagées

La définition 4.11 est motivée par le résultat suivant:

Lemme C.10.

L’intégrale Bf𝑑μ ne dépend pas de la décomposition f(ω)=i=1nai1Ai(ω) en somme d’indicatrice d’ensembles deux à deux disjoints mais seulement de f.

Démonstration : 

Pour f=i=1nai1Ai, il existe toujours une (unique) représentation canonique de f en voyant b1<<bm tel que l’image f(Ω){0}={b1,,bm} et en prenant Bi=f1({bi})𝒯 car f est mesurable. Alors, on a f(ω)=i=1nbi1Bi(ω). Comme les Ai sont 2 à deux disjoints, on voit Bj comme union disjointe de Ai et donc μ(BiB)={j:aj=bi}μ(AjB) donc, en regroupant par paquet:

Bf𝑑μ=j=1naiμ(AjB)=i=1m{j:aj=bi}biμ(AiB)=i=1mbiμ(BiB).

C’est la formule qui ne dépend que de f (comme sa représentation canonique).   □

4.2 Preuve du lemme 4.20

1. Si f(ω)=i=1nai1Ai(ω) avec les Ai deux à deux disjoints, alors 1Bf(ω)=i=1nai1AiB(ω). Donc Bf𝑑μ=i=1naiμ(AiB)=Ω1Bf𝑑μ.

2. De même, cf(ω)=i=1ncai1Ai(ω), alors Bcf𝑑μ=i=1ncaiμ(AiB)=cBf𝑑μ.

3.Si de plus h=j=1mbj1Bj(ω) avec les Bj deux à deux disjoints, et soit B0=Ωj=1mBj,A0=Ωi=1nAi, alors les AiBj deux à deux disjoints i=0,,n,j=0,,m. De même, avec a0=b0=0, f(ω)=j=0mi=0nai1AiBj(ω), h(ω)=j=0mi=0nbj1AiBj(ω). Donc

f(ω)+h(ω)=j=0mi=0n(ai+bj)1AiBj(ω)

On obtient donc:

Bf+hdμ=j=0mi=0n(ai+bj)μ(AiBj)=j=0mi=0naiμ(AiBj)+j=0mi=0nbjμ(AiBj)=Bf𝑑μ+Bh𝑑μ.

4. Si 0fh alors h=(hf)+f est la somme de deux fonctions étagées positives et par le 3, Bf𝑑μBf𝑑μ+B(hf)𝑑μ=Bh𝑑μ.

4.3 Preuve du lemme 4.22

On va utiliser que toutes les propriétés sont vraies si f,h sont étagées par définition de l’intégrale dans ce cas.

1. Soit g étagée avec gf alors gh, donc par définition 0Bg𝑑μBh𝑑μ. En passant au sup sur les g, on obtient 0Bf𝑑μBh𝑑μ.

2. Soit g étagée avec gf, alors 1Bg1Bf. Or par le cas étagé du lemme 4.20, on a Bg𝑑μ=Ω1Bg𝑑μ et donc par définition: Bg𝑑μ=Ω1Bg𝑑μΩ1Bf𝑑μ. En passant au sup, on obtient Bf𝑑μΩ1Bf𝑑μ.

En sens inverse, g étagée positive avec g1Bff vérifie donc g1B=g et par définition Ωg𝑑μ=Ωg1B𝑑μ=Bg𝑑μBf𝑑μ soit en passant au sup Ω1Bf𝑑μBf𝑑μ.

Le cas particulier vient du 1. appliqué à l’inéaglité 1Af1Bf sous la forme: 0Af𝑑μ=Ω11f𝑑μΩ1Bf𝑑μ=Bf𝑑μ.

3. Si c=0 c’est évident, on suppose donc c>0. Alors pour gf avec g étagée positive, on a cgcf donc par le cas étagé du lemme 4.20, on a cBg𝑑μ=Bcg𝑑μBcf𝑑μ. En passant au sup, on a obtenu:

cBf𝑑μBcf𝑑μ

mais en appliquant ) cf à la place de f et f=1ccf, on obtient:

1cBcf𝑑μBc1cf𝑑μ=Bf𝑑μ

d’où l’inégalité dans l’autre sens Bcf𝑑μcBf𝑑μ et donc l’égalité.

4. Si f=0 0gf implique g=0 et en passant au sup de 0, on obtient le résultat.

Si μ(B)=0, Bg𝑑μ=Ω1Bg𝑑μ et si g(ω)=i=1nai1Ai(ω), on a Ω1Bg𝑑μ=i=1naiμ(BAi)=0 car chaque μ(BAi)μ(B)=0.

5. Si on a 0gf, 0kh avec g,k mesurable positive, alors g+kf+h est mesurable positive, donc Bf+hdμBg+kdμ=Bg𝑑μ+Bk𝑑μ. En passant au sup, on obtient le résultat.