5 Une Application: Le théorème de convergence des martingales bornées dans L2(Ω,𝒯,P) (facultatif)

Dans cette section, on conclut par une application en probabilité. On prend (Ω,𝒯,P) un espace de probabilité. Une filtration est une suite croissante de sous-tribu (𝒯n)n0. Un exemple de telle suite est 𝒯n=𝒯((X0,,Xn)) de la tribu engendrée par un vecteur aléatoire. On peut considérer les espaces de Hilbert Hn=L2(Ω,𝒯n,P)L2(Ω,𝒯,P). C’est un sous-espace fermé car si HnXmmX on a vu au chapitre précédent, que quitte à extraire Xmk converge p.p. vers X et donc X est aussi 𝒯n-mesurable et donc est dans Hn. Par caractérisation séquentielle cela dit Hn fermé. On dispose donc de la projection orthogonale PHn. EN probabilité, vous noterez PHn(X)=E(X|𝒯n) et vous interpréterez cette projection comme une espérance conditionnelle.

Définition 7.6.

Une suite (Xn)n est une martingale dans L2 (pour la filtration (𝒯n)n0 si pour tout mn PHn(Xm)=Xn.

Cette condition dit que la moyenne de la future variable Xm, conditionnellement au présent Hn, est égale à Xn (si Xn est la valeur d’un gain au temps n, en moyenne on n’a rien gagné à attendre le temps m>n). Une somme de v.a. i.i.d. dans L2 d’espérance nulle est une telle martingale. Par exemple, la somme des n premiers termes d’une suite de variables gaussiennes centrées indépendantes donne une martingale dans L2. On va montrer un théorème de convergence pour les martingales bornées dans L2.

Théorème 7.13.

Soit (𝒯n)n0.Soit (Xn)n est une martingale dans H=L2(Ω,𝒯,P) qui est une suite bornée, c’est-à-dire, qu’il existe M>0 telle que supnXn2M. Alors Xn converge dans L2(Ω,𝒯,P) vers une variable X et Xn=PHn(X).

Ce théorème se généralise à un théorème de convergence des martingales bornées dans Lp, 1<p<. Il y a aussi une version pour les martingales L1 mais il faut une hypothèse technique plus compliquée (dite d’uniforme intégrabilité). (On dit que Xn est une martingale fermée quand Xn=PHn(X) comme ci-dessus).

Démonstration : 

On considère la décomposition orthogonale Hn+1=KnHn avec H0=K0 On voudrait dire que L2(Ω,𝒯(n0𝒯n),P)=n0Kn est une somme orthogonale infinie, mais comme on n’a pas introduit la notion,on va donc faire une preuve directe.

Remarquez déjà que Xn+1Xn=Xn+1PHn(Xn+1)Kn par la condition de martingale. Donc par le théorème de Pythagore et une récurrence triviale, on obtient:

Xn+122=Xn+1Xn22+Xn22=X022+k=0nXk+1Xk22.

On déduit donc de la bornitude en prenant la limite X022+k=0Xk+1Xk22M2 et donc la série est convergente. On déduit aussi que pour pqN

Xp+1Xq22=k=qpXk+1Xk22k=NXk+1Xk22N0.

Donc (Xn) est de Cauchy dans un espace de Hilbert donc converge vers X. Comme PHn est 1-lipschitz donc continue, on déduit en passant à la limite dans la relation Xn=PHn(Xm)mPHn(X)=Xn