3 Applications: Orthogonalité et Dualité

3.1 Orthogonalité

On peut définir dans un espace de Hilbert une notion d’orthogonal comme en dimension finie.

Définition 7.3.

Si FH est un sous-espace, alors l’orthogonal de F est

F={xH,yF,x,y=0}

On dit que x est orthogonal à F si xF. On remarque que

F=yF(y,)1({0})

est toujours un sous-espace fermé comme intersection de sous-espaces fermé, comme image inverse d’un sous-espace fermé par une application linéaire continue (le produit scalaire). La proposition suivante décrit la décomposition en somme directe orthogonale. Tout se passe comme en dimension finie pour les sous-espaces fermés, et sinon, il faut ajouter une adhérence.

Proposition 7.5.

Si F est un sous-espace de l’espace de Hilbert H alors F=F¯, et on a la somme directe orthogonale

H=F¯F

et alors pF et pF=1pF¯ sont les projections associées à cette décomposition.

Ici F=(F) est l’orthogonal de l’orthogonal.

Démonstration : 
  1. 5.

    On remarque d’abord que FF. En effet par définition de F si xF,yF, x,y=0 et donc comme c’est pour tout yF la définition du biorthogonal donne xF.

  2. 6.

    On remarque ensuite que FF={0}. En effet, si xFF alors x,x=0 donc x=0 (par l’axiome de séparation).

  3. 7.

    Montrons ensuite que pF=1pF¯ (les projections sont bien définies car on a des sous-espaces fermés l’espace de Hilbert H donc on peut utiliser le théorème de projection). En effet, si yH la relation caractéristique de la projection othogonale dit que ypF¯(y) est orthogonal à F¯ donc dans F et comme y(ypF¯(y))=pF¯(y) est orthogonal à F, on doit avoir ypF¯(y)=pF(y) par caractérisation de la projection.

  4. 8.

    On en déduit la somme H=F¯+F (par l’inclusion du 1 et l’intersection du 2, on sait que cette somme doit être directe). Le point précédent donne la relation

    y=pF(y)+pF¯(y)

    ce qui montre que tout vecteur H se décompose comme somme d’un vecteur de F¯ et d’un vecteur de F. L’énoncé sur les projections associées à la décomposition est évident à partir de là.

  5. 9.

    Il reste à voir que FF ce qui donne l’égalité avec le point 1. Mais si yF, yPF¯(y)F par 1 et le fait fait que F est un sous-espace vectoriel. Mais on vient de voir au 3 que yPF¯(y)=pF(y)F. Donc yPF¯(y)FF={0} par le 2. donc y=PF¯(y)F¯, ce qui conclut.

3.2 Dualité: le théorème de représentation de Riesz

On en déduit maintenant le calcul du dual de H (voir sous-section 9 pour des rappels).

Théorème 7.6 (théorème de représentation de Riesz).

Soit ϕ une forme linéaire continue sur un espace de Hilbert H alors il existe un unique fH tel que

vH,ϕ(v)=f,v.

De plus, on a l’expression duale pour la norme :

f=supv1|f,v|.
Remarque 7.3.

(facultative) Dans le cas complexe, ff,. est une isométrie antilinéaire identifiant H et H (et donc identifiant linéairement H’ au conjugué H¯ ayant la même structure normique et de groupe mais λ.v¯=λ¯v¯ si vv¯ est la bijection/identité de HH¯ notée .¯ pour le caractère suggestif de la relation à la conjugaison complexe). Dans la cas complexe on a donc HH¯ et dans le cas réel HH.

Démonstration : 

Soit K=ϕ1({0}) le noyau de ϕ. Si K=H alors f=0 convient. On suppose donc KH. Soit donc g0K et g=g0PK(g0)g0PK(g0)2 un vecteur de norme 1 et orthogonal à K. Comme ϕ est une forme linéaire, on s’attend à ce que K et g engendrent L2, sorte de généralisation du théorème du rang (on va voir cela plus loin en utilisant l’orthogonalité). En effet, soit vH, w=vϕ(v)ϕ(g)g vérifie ϕ(w)=ϕ(v)ϕ(v)ϕ(g)ϕ(g)=0 donc wK=Kerϕ et v=λg+w avec λ=ϕ(v)ϕ(g).

On montre donc que f=ϕ(g)¯g convient, en montrant l’égalité sur un v quelconque en utilisant la forme précédente :

f,v=ϕ(g)g,v=ϕ(g)g,λg+w=ϕ(g)λg22=ϕ(g)λ=ϕ(v).

L’égalité des normes vient de Cauchy Schwarz qui implique que avec égalité en prenant v=f/f si f0.   □

Remarque 7.4.

(facultative) Il n’est parfois pas judicieux d’identifier un espace de Hilbert à son dual, notamment quand plusieurs espaces de Hilbert sont considérés et que les identifications sont incompatibles à des relations de sous-espaces. Soit H=2() et K={uH,nn2|un|2<} Si on considère l’ensemble des suites telles que L={(un)n1n2|un|2<}. Il est facile de voir que KHL et que La transposé de l’inclusion KH s’identifie à HHKL. Il vaut alors mieux identifier K à L (et pas K) en ayant une identification compatible avec les inclusions avec H.