Documents divers

lundi 12 novembre 2007
par  Webmaster IREM

Documents et réflexions transmis par Jean-Pierre Raoult, président du conseil scientifique des IREM. Auteurs : J.-P. R., Michèle Artigue, Daniel Duverney.

Chers collègues,

Notre collègue Daniel Duverney (membre du conseil d’administration et de la commission « enseignement » de la SMF, ainsi que du comité scientifique des IREM) a, dans des courriels adressés aux membres du comité scientifique des IREM (et à quelques autres personnes impliquées), poursuivi et élargi la réflexion qu’il avait amorcée sur Educmath à propos de l’épreuve pratique de Maths au bac S (dossier introduit par une question rédigée par Michèle Artigue). Michèle Artigue lui a adressé une réponse, diffusée auprès des mêmes destinataires.

Je considère ces documents très intéressants et dignes d’être portés à l’attention de l’ensemble du réseau des IREM. Daniel Duverney et Michèle Artigue m’ayant donné leur accord, vous les trouverez en document attaché : Echanges Epreuve Pratique Octobre 07.

Je vous copie également les fichiers que Daniel Duverney ou Michèle Artigue avaient eux-mêmes joints à leurs messages :

- message D. D. du 12/10/07 : Programmes 7 novembre 1998, Propositions CS, IG Maths 2005,
- message D. D. du 22.10.07 : Darcos(extraits), MathsFFfrançais,
- message M. A. du 25/10/07 : seminaire desco.

Vous pourrez, à la lecture des messages de Daniel Duverney, apprécier comment, à cette occasion comme à d’autres, il veille à replacer des questions qui se posent sur l’enseignement des mathématiques (évaluation des performances, analyse d’innovations comme ici l’épreuve pratique...) dans le cadre de la « politique éducative » menée dans notre pays. Je vous invite, pour plus ample information sur sa démarche, à consulter son site internet.

Les avis peuvent différer sur les enseignements tirés par Daniel Duverney à partir de sa grande connaissance des textes, des statistiques sur la population scolaire et de nombreuses analyses françaises ou étrangères (tous éléments d’information pour lesquels la documentation jointe à ses écrits fournit des voies d’accès profitables). Personnellement je ne partage pas toutes ses conclusions, mais je considère que des mises en perspective telles que celles qu’il nous fournit sont d’autant plus utiles que de nouvelles refontes structurelles font sans doute l’objet de réflexions en cours à l’échelle gouvernementale (par exemple pour le baccalauréat et, partant, le lycée). Tout ceci présente un cadre dont quiconque travaille dans le réseau des IREM ne peut que tirer profit.

En particulier, dans son texte (ci-attaché) daté du 25 novembre dernier, Daniel Duverney écrivait :


DEBUT DE CITATION DE D. DUVERNEY

Il n’y a pas de légitimité a priori d’une politique éducative. Celle-ci se mesure près coup, en regardant si ses effets sont conformes aux objectifs qu’elle a affichés. Le problème de l’épreuve pratique au baccalauréat se place dans le cadre strict de la rénovation pédagogique et de la réforme des lycées, qui commencent à être évaluées sérieusement après une longue période de black-out. Cette évaluation est faite principalement par l’Inspection Générale et la DEP, dont c’est effectivement le rôle, mais aussi par la SMF, qui s’inquiète depuis plusieurs années de la baisse évidente du niveau en mathématiques et physique de nos bacheliers scientifiques, baisse qui a atteint de telles proportions qu’elle empêche une bonne partie d’entre eux de poursuivre des études scientifiques supérieures, et rend plus difficile aux autres cette poursuite.

Il y a un problème au niveau des IREM, et notamment au sein de son Conseil Scientifique. Il est anormal que le problème de l’évaluation des politiques éducatives ne parvienne pas à être considéré comme un problème de recherche important, malgré mes efforts répétés depuis trois ans. Ce problème est important non pas parce que je le pense, mais parce que la politique éducative commande largement l’état des disciplines, en particulier des mathématiques pour ce qui concerne les IREM. Il n’est tout simplement pas possible de penser l’enseignement actuel des mathématiques (et de sa discipline-soeur, la physique) sans une étude sérieuse des réformes de ces 20 dernières années. Cela vaut aussi, bien sûr, pour l’épreuve de TP de maths au bac.

FIN DE CITATION DE D. DUVERNEY


Le second paragraphe de cet extrait pose explicitement le problème de la légitimité de l’intervention du réseau des IREM et, comme l’écrit Daniel Duverney, « notamment... de son (comité) scientifique », dans le champ de la réflexion, voire de la prise de position, à propos de la politique éducative de l’état.

C’est en tant que président du comité scientifique que j’exprime ici comment je conçois la réponse à cette question, et ce uniquement en ce qui concerne l’activité de ce comité.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire (voir par exemple le document Présentation du comité scientifique des IREM), il entre en particulier dans le rôle du CS une « fonction d’observation (en invitant des personnalités compétentes), d’analyse, voire d’encouragement ou de mise en garde face aux tendances qui peuvent influer sur l’enseignement mathématique ». Cette fonction n’a de sens que si elle s’exprime asez clairement hors du CS, que ce soit au sein du réseau des IREM, à fin de mise à disposition d’informations ou d’incitation au travail, ou que ce soit vers l’extérieur, dans le but de faire bénéficier des organismes divers, selon leurs besoins, d’une part de l’expérience accumulée dans les IREM.

S’agissant plus précisément de l’étude de l’impact des politiques publiques sur les conditions d’enseignement dans notre discipline (et donc les travaux qu’elles peuvent induire dans les IREM), celle-ci n’a de sens que mise en relation avec les tendances sociales « lourdes », françaises ou étrangères, qui pèsent sur l’attitude des jeunes et de leurs parents face à l’enseignement des sciences ; Michèle Artigue, dans son courriel ci-attaché, met judicieusement l’accent sur ce point.

Je m’efforce que le CS des IREM joue, aux côtés de nombreuses autres composantes de la famille mathématique en France (APMEP, sociétés savantes, femmes et maths, Educmath (INRP), CultureMATH (ENS)...) son rôle de diffusion de bases de réflexion dans ce domaine, diffusion appuyée parfois sur la relation de communications effectuées devant le CS ; je citerai par exemple, à cet égard, l’intérêt que nous avons témoigné à l’égard des travaux des sociologues de l’éducation B. Convert et F. Guggenheim, tant en relatant la visite qu’ils ont faite au CS (voir le PV de la séance du 3 juin 2005) qu’en attirant l’attention des IREM sur l’ouvrage de B. Convert Les impasses de la démocratisation scolaire (sur une prétendue crise des vocations scientifiques), Editions « Raisons d’Agir », octobre 2006. A titre d’autre exemple, je rappelle que j’ai également communiqué l’existence de documents élaborés par des mathématiciens (en particulier Pierre Arnoux) en cohérence avec les réflexions menées à ActionSciences (voir le site).

Si je considère qu’il est de mon devoir, en tant que président du CS, d’œuvrer ainsi à une « veille documentaire » dans ce domaine, nourrissant la réflexion dans les IREM, je n’en souhaite pas moins que chacun des membres du CS se sente investi d’un tel rôle quand l’occasion lui en est donnée (que ce soit directement ou par mon intermédiaire) et je remercie ceux d’entre eux qui adressent à notre communauté ou à moi-même des messages en ce sens.

Par ailleurs les discussions menées en CS sur tel ou tel point interagissant avec l’activité des IREM débouchent sur des conclusions, ou plus modestement parfois sur des constats de problèmes. Il y a lieu de s’appuyer dessus pour formuler, en liaison étroite avec l’Adirem, des avis ciblés apportés à des instances où s’élaborent des éléments de la politique éducative se répercutant sur l’enseignement des mathématiques : Inspection générale, Conférence des présidents d’université, Académie des sciences ... Ici encore, le CS s’efforce de faire connaître très précisément dans le réseau des IREM les communications qu’il effectue ou auxquelles il participe ; il en attend des retours critiques.

Peut-on alors regretter, avec Daniel Duverney, que, au sein du CS des IREM, « le problème de l’évaluation des politiques éducatives ne parvienne pas à être considéré comme un problème de recherche important » ? En d’autres termes, les IREM sont-ils armés, à partir de leurs recherches propres sur différents aspects de l’enseignement des mathématiques (que ce soit avec une visée d’accompagnement des enseignements et évaluations actuellement pratiqués ou bien dans une perspective d’évolutions ultérieures), pour étendre leurs recherches à l’évaluation des politiques éducatives ? et le CS a-t-il vocation pour aider à cadrer une telle extension ?

Je pense pour ma part que l’adjectif « scientifique » dans l’intitulé du CS nous contraint à une grande prudence. Sa composition comme sa vocation ne font pas du CS une instance disposant, sur ces questions délicates de l’impact réel des politiques éducatives, qui touchent en particulier à la sociologie ou à l’économie de l’éducation, d’une compétence scientifique propre. Certes ces questions, qui relèvent largement de la réflexion citoyenne « éclairée », ne doivent pas rester l’apanage de « spécialistes » (souvent autoproclamés) et il est heureux que des mathématiciens fassent la démarche de s’exprimer à leur sujet, à partir de leurs lieux propres d’observation, en publiant par voie de presse ou dans des forums sur la toile et aillent participer aux réflexions menées dans des organismes à plus large vocation, tels ActionSciences ou les syndicats. Que l’apport des IREM enrichisse ces expressions ne peut être que bénéfique. Mais les compétences rassemblées au sein du CS ne le rendent pas apte, me semble-t-il, à élaborer des conclusions scientifiquement fondées dans ce domaine, au delà de quelques cas de consensus assez évidents (c’est ainsi que nous avons appuyé, à l’ocasion du récent colloque de l’académie des sciences, l’avis de ceux qui souhaitent le rétablissement d’un dispositif de prérecrutement des enseignants du type des ex-IPES).

Il n’est donc pas dans mes intentions de proposer à l’ordre du jour d’un CS prochain un débat sur « la recherche en évaluation des politiques éducatives ». Il est bien clair cependant que je le ferais si une opinion en ce sens se manifestait majoritairement au sein du comité, ou bien si des demandes assez larges m’étaient adressées pour cela depuis le réseau des IREM.

En revanche, je me sens totalement en accord avec Michèle Artigue quand elle écrit (le 28 octobre, copie ci-attachée), en faisant référence non seulement à l’épreuve pratique mais plus largement à la « démarche expérimentale en mathématiques » :


DEBUT DE CITATION DE M. ARTIGUE

Je pense que tout le monde est d’accord au sein du CS sur la nécessité de suivre, d’évaluer, de réguler, et les IREM peuvent et à mon avis doivent y contribuer. Il faut aussi je pense essayer de comprendre où sont les réelles marges de manoeuvre, aujourd’hui. Je me suis, personnellement, pour ces raisons, sentie très proche de la réponse donnée par Dominique Tournès.

FIN DE CITATION DE M. ARTIGUE


Il y aura donc lieu, bien sûr, de faire le point en CS sur l’évolution du vaste travail mené dans les IREM à partir de l’épreuve pratique (et tout avis tendant à élargir le débat pourra évidemment s’y faire entendre). La réunion de mars 2008 me semble devoir être un moment opportun à cet égard.

Bien cordialement

Jean-Pierre Raoult, président du conseil scientifique des IREM


Documents joints

Echanges Epreuve Pratique Octobre 07
Echanges Epreuve Pratique Octobre 07
Programmes 7 novembre 1998
Programmes 7 novembre 1998
Darcos (extraits)
Darcos (extraits)
mathsFFfrancais
mathsFFfrancais
séminaire desco
séminaire desco
présentation CS IREM
présentation CS IREM
Propositions CS IREM
Propositions CS IREM
IG Maths 2005
IG Maths 2005

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