2 Les fonctions étagées (mesurables) et leur intégrale

Comme les fonctions en escalier sont la base pour l’intégrale de Riemann, on considère ici la classe des fonctions étagées (mesurables) qui sont la base de l’intégrale de Lebesgue. Les fonctions en escaliers sont les combinaisons linéaires des indicatrices d’intervalles 1]a,b]. On les prend pour base de l’intégrale de Riemann car on sait définit 1]a,b](x)𝑑x=(ba).

On fixe à partir de maintenant un espace mesuré (Ω,𝒯,μ).

Maintenant, qu’on dispose d’une mesure μ, on veut définir de même pour A𝒯:

Ω1A𝑑μΩ1A(ω)𝑑μ(ω)=μ(A).

Plus généralement, on définit:

Définition 4.9.

Pour A,B𝒯, l’intégrale de 1A sur B par rapport à μ est notée et définie par:

Bf𝑑μB1A(ω)𝑑μ(ω)=μ(AB).

Les combinaisons linéaires de fonctions indicatrices (mesurables) vont donc être de même la base de l’intégrale de Lebesgue:

Définition 4.10.

Soit (Ω,𝒯) un espace mesurable, on appelle fonction étagée f:(Ω,𝒯)d une fonction de la forme

f(ω)=i=1nai1Ai(ω)

pour aid et Ai𝒯. Pour d=1, la représentation est dite canonique si a1<<an, tous non nuls (i,ai0) et les A1,,An sont deux à deux disjoints et non vides.

Exercice 4.4.

Les fonctions étagées sur (Ω,𝒯) forment un sous espace vectoriel des fonctions Ωd.

Comme on veut que l’intégrale soit linéaire, on est conduit à la définition suivante:

Définition 4.11.

Soit f une fonction étagée positive f(ω)=i=1nai1Ai(ω) avec Ai𝒯 des ensembles mesurables deux à deux disjoints (ai>0), on définit l’intégrale de f sur B𝒯 par rapport à μ par:

Bf𝑑μBf(ω)𝑑μ(ω)=i=1naiμ(AiB).

On reporte à l’annexe C section 4.2 la preuve facile mais fastidieuse du lemme suivant:

Lemme 4.20.

Soit (Ω,𝒯,μ) un espace mesuré, et f,h:(Ω,𝒯)[0,+] étagées positives, B𝒯:

  1. 25.

    Si f0, alors Bf𝑑μ=Ω1Bf𝑑μ.

  2. 26.

    Si f0, c>0, alors Bcf𝑑μ=cBf𝑑μ.

  3. 27.

    (additivité) Bf+hdμ=Bf𝑑μ+Bh𝑑μ.

  4. 28.

    (monotonie) Si 0fh alors 0Bf𝑑μBh𝑑μ.

Le résultat crucial qui va permettre l’extension de l’intégrale est le résultat suivant:

Lemme 4.21.

Soit (Ω,𝒯) un espace mesurable. Toute fonction mesurable positive f:(Ω,𝒯)(¯,(¯)) est limite simple d’une suite croissante de fonctions étagées positives.

Démonstration : 

On prend

fn(x)=2n1{x:f(x)=+}+k=04n1k2n1f1([k2n,k+12n[)(x)={k2nsik2nf(x)<k+12n,0k<4n0si4n1+12n=2nf(x)<+2nsif(x)=+f(x).
  1. 29.

    Comme f mesurable, chacun des f1([k2n,k+12n[)𝒯 et f1({+})𝒯 et donc fn est étagée (comme combinaison linéaire de fonctions indicatrices mesurables).

  2. 30.

    La suite est croissante 0fnfm pour nm. Sur f1([0,2n]), on découpe chaque intervalle de définition de fn en 2mn ensembles dans la définitions de fm. Si fm(x)=k2mf(x)<k+12m,0k<2m+n, on trouve k=κ2mn+l pour 0l<2mn,0κ<4n par division euclidienne et

    fn(x)=κ2nfm(x)=k2m=κ2n+l2mf(x)<κ2n+l+12mfn(x)+l+12m

    Sur f1(]2n,+[) on a fn(x)=0fm(x). Vu fn(x)f(x)fn(x)+12n on en déduit f(x)12nfn(x)f(x) si f(x)2n, on déduit la convergence simple.