9 Applications linéaires continues

On considère (E,||.||) et (F,||.||) deux evn.

Rappel 2.7.

Une application u:EF est dite linéaire si :

  1. (i)

    x,yE,u(x+y)=u(x)+u(y)

  2. (ii)

    xE,λ𝕂,u(λx)=λu(x).

Proposition 2.29.

Si u:EF est une application linéaire, les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. 32.

    u est lipschitzienne.

  2. 33.

    u est continue.

  3. 34.

    u est continue en 0.

  4. 35.

    u est continue en un point.

  5. 36.

    Il existe aE,η>0 tel que u(B(a,η))B(u(a),1).

  6. 37.

    u est bornée sur la boule unité fermée BE(0,1)¯

Démonstration : 

(Preuve facultative) 1.2., 2.3.,3.4.,4.5. sont évidentes (et n’utilisent pas la linéarité). Si on suppose 5., il existe η>0 tel que si xaη alors u(x)u(a)1. Soit hE, h0, x=a+hη/h de sorte que xaη, on déduit donc u(h)η/h=u(xa)1 c’est-à-dire u(h)h/η (ce qui est aussi vrai pour h=0). En particulier, si h1, on obtient donc 6.

Si on suppose 6., on montre finalement 1, on pose C=suph1u(h)< et on obtient de même pour h0, u(h/h)C donc u(h)Ch (ce qui est aussi vrai pour h=0). Donc pour tout x,y en utilisant encore la linéarité u(xy)=u(x)u(y), on obtient :

u(x)u(y)Cxy,

donc u est C-lipschitzienne.   □

Proposition 2.30.

Si ϕ:E𝕂 est une application linéaire (forme linéaire), ϕ est continue si et seulement si son noyau H=Kerϕ=ϕ1({0}) est fermé.

Démonstration : 

Si ϕ est continue, ϕ1({0}) est fermé comme image inverse d’un singleton, qui est fermé. Réciproquement, supposons ϕ non nulle, soit e tel que ϕ(e)=1. Comme le complémentaire de H est ouvert soit r>0 tel que B(e,r)Hc.

Montrons par l’absurde que pour tout xB(e,r), ϕ(x)B(1,1). En effet, sinon soit x avec |ϕ(x)1|1. Si t=ϕ(x)/(1ϕ(x)), on ϕ(te+(1t)x)=t1+(1t)ϕ(x)=t(1ϕ(x))+ϕ(x)=0. Or te+(1t)xe=|1t|xe=xe/|ϕ(x)1|r une contradiction car alors y=te+(1t)xB(e,r)H.

On a donc vu ϕ(B(e,r))B(ϕ(e),1) d’où ϕ continue par la proposition précédente.

Définition 2.20.

L’espace E:=L(E,𝕂) des formes linéaires continues sur un e.v.n. E est munie de la norme duale

fE:=supxE,xE1|f(x)|.
Définition 2.21.

L’espace L(E,F) des applications linéaires continues d’un e.v.n. E vers un e.v.n. F est munie de la norme subordonnée (ou norme d’opérateur):

|f|:=supxE,xE1f(x)F.
Remarque 2.8.

La preuve de 6. implique 5. dans la proposition 2.29 montre en fait que si fL(E,F) alors f est |f|-lipschitzienne.

Un espace dual est toujours complet par le résultat suivant:

Théorème 2.31.

Si E est un e.v.n. et F un espace de Banach, alors (L(E,F),|||.|||) est un espace de Banach.

Démonstration : 

Soit B la boule fermée de E de centre 0 et de rayon 1 et i:L(E,F)Cb(B,F) la restriction à la boule. Par définition des normes, c’est une isométrie qui identifie donc L(E,F) à un sous espace de Cb(B,F). Montrons que ce sous espace est fermé (il sera donc complet par complétude de Cb(B,F) par théorème 2.28).

Montrons que

i(L(E,F))={uCb(B,F):λ,μK|λ|+|μ|1,x,yB,u(λx+μy)=λu(x)+μu(y)}.

Cela suffit car cela décrit i(L(E,F)) comme une intersection de fermé vu que uu(y) est une application continue sur Cb(B,F). L’inclusion est évidente. Réciproquement si u est continue sur B donc en 0 et dans l’ensemble indiqué, pour xE{0}, on pose uE(x)=xEu(xxE) et uE(0)=0. D’abord, si x1 on remarque que uE étend la précédente valeure de u sur B (en prenant y=0 dans la relation). De même, uE est positivement homogène. Donc, si (x,y)0, on pose x=x/max(x,y),y=y/max(x,y), λ=λ/(|λ|+|μ|),μ=μ/(|λ|+|μ|) pour obtenir par homogénéité et la relation appliquée à x,y,λ,μ :

uE(λx+μy) =(|λ|+|μ|)max(x,y)u(λx+μy)
=(|λ|+|μ|)max(x,y)[λu(x)+μu(y)]
=λuE(x)+μuE(y)

Donc uE est linéaire continue en 0, donc linéaire continue et u=i(uE) comme souhaité.   □

Définition 2.22.

Une application linéaire u:EF est une isométrie (linéaire) si :

xE,u(x)=x.
Proposition 2.32.

Une isométrie (linéaire) est toujours injective.

Une isométrie u:EF identifie donc E au sous-espace vectoriel u(E)F avec la norme induite.

Démonstration : 

Si u(x)=0 alors 0=u(x)=x donc par séparation x=0.   □