1 Formule alternative de la norme (niveau L3)

On va en déduire l’expression alternative suivante dont l’inégalité triangulaire se déduit facilement. Cette méthode a l’avantage d’être utile pour le calcul du dual.

Proposition D.1.

Soit μ σ-finie, p[1,], q tel que 1/p+1/q=1 le coefficient conjugué, alors pour tout g mesurable

||g||q=sup{|fgdμ|;||f||p1,fgL1(Ω,μ),fL1(Ω,μ)L(Ω,μ)}.
Démonstration : 

Soit An croissant telle que An=Ω,μ(An)<. On commence par le cas gLq(Ω,μ).

Par Hölder, fgL1 donc l’intégrale est définie (avec la condition fp1 seule) et

|fg𝑑μ|fg1fpgq

d’où gq est plus grand que le sup de l’énoncé. Mais, pour p]1,[, si on prend f=g¯|g|q2/gqq1 on a |f|p=|g|p(q1)/gqp(q1)=|g|q/gqq car p(q1)=qp(11/q)=q, donc fLp et fpp=E(|f|p)=gqq/gqq=1. Donc f1Anppfpp1 donc comme Lp(An,μ)L1(An,μ) car μ(An)< on a f1AnL1(Ω,μ) et donc

gn,m(f)=1{f1An0}f1An|f1An|min(m,|f1An|)L(Ω,μ)L1(Ω,μ)

d’où le sup est supérieur à

|gn,m(f)g𝑑μ|m|f1Ang𝑑μ|n|fg𝑑μ|

(par convergence dominée par |gn,m(f)g||fg|) et le sup est supérieur à |fg𝑑μ|=|g|q𝑑μ/gqq1=gq. On déduit donc l’égalité énoncée.

Si p=1,q=, soit

C>sup{|fgdμ|;||f||11fgL1(Ω,μ),fL1(Ω,μ)L(Ω,μ)}

et A={x:|g(x)|>C}. Supposons par l’absurde que μ(A)>0 soit BA avec μ(B)]0,[. Alors f=1Bg¯|g|μ(B) est dans L1 et f1=1 (et borné par 1/μ(B) donc dans L) mais |fg𝑑μ|=1B|g|μ(B)C en contradiction avec le choix de C donc μ(A)=0 ce qui implique gC ce qui donne le résultat en prenant l’inf des C.

Si p=,q=1, il suffit de prendre f=1g0g¯|g|L(Ω) et f1AnL(Ω)L1(Ω) de sorte que f1Ang=|f|1An et la norme f1An1. Donc le supremum, est supérieur à |f|1An𝑑μf1 par convergence monotone.

Si on ne suppose plus gLq(Ω,μ) mais gq=. Soit alors gn,m=1{g0}g|g|min(m,|g|)1AnLq(Ω,μ) on obtient fn,m,kL1L de norme 1 dans Lp tel que

|fn,m,kgn,m|kgn,mq.

Comme on a l’inégalité par Hölder,

|fn,m,k(gn,mg1An)|fn,m,kp(gn,mg1An)q(gn,mg1An)qm0

par convergence monotone car |min(|g|,m)|g||q décroit vers 0, on trouve une suite mk tel que

|fn,mk,kg1An|kg1Anq

(fini ou infini). Enfin comme par convergence monotone g1Anqgq, on trouve une suite

|fnk,mk,kg1An|kgq=.

Comme fnk,mk,k1Anp1, et fnk,mk,k1AnL1L et fnk,mk,kg1AnL1 cela donne la solution :

sup{|fgdμ|;||f||p1,fgL1(Ω),fL1L}==||g||q.

Exemple D.1.

Dans le cas où μ est la mesure de comptage sur I (σ-finie si I dénombrable), μ(A)=Card(A), on obtient l’espace p(I,𝕂) des suites indicées par I de puissance p sommable, i.e. telles que

iI|xi|p<

pour p[1,[ et l’ensemble des suites bornées, c’est-à-dire telles que

x=supiI|xi|<

pour p=.