7 Intégrales dépendant d’un paramètre

Soient (Ω,𝒯,μ) un espace mesuré, E un evn. Soit finalement A une partie de E.

Définition 4.16.

Soit f:A×Ω𝕂. On suppose que pour tout xA, tf(x,t) est intégrable (soit dans L1(Ω,𝒯,μ)). Dans ce cas, on peut poser :

F(x)=Ωf(x,t)𝑑μ(t). On définit ainsi une intégrale dépendant d’un paramètre la fonction F:A𝕂.

Théorème 4.38 (Théorème de continuité avec hypothèse de domination).

Soit f:A×Ω𝕂. On suppose :

  1. 49.

    Pour tout xA, tf(x,t), est mesurable sur Ω.

  2. 50.

    Pour tout presque tout tΩ, xf(x,t) est continue en x0A.

  3. 51.

    (Hypothèse de domination) Il existe une fonction intégrable g:Ω+, gL1(Ω,𝒯,μ) telle que

    tΩ,xA,|f(x,t)|g(t).

Alors la fonction xF(x)=Ωf(x,t)𝑑μ(t) est continue en x0.

On remarquera que dans l’hypothèse de domination, la fonction g ne dépend PAS de x.

Démonstration : 

L’hypothèse de domination garantit que tf(x,t) est intégrable. Soit xnA tel que xnx0. Par continuité de xf(x,t), pour chaque t, f(xn,t)f(x0,t). On peut donc appliquer le théorème de convergence dominée (avec domination par g) pour conclure

limnΩf(xn,t)𝑑μ(t)=Ωf(x0,t)𝑑μ(t).

Exemple 4.8.

Soit f: intégrable sur (par rapport à la mesure de Lebesgue λ). Sa transformée de Fourier est définie par :

f^(x)=f(t)eitx𝑑t.

Elle est continue sur en utilisant une domination par |f|.

Théorème 4.39 (Théorème de dérivabilité avec hypothèse de domination).

Soit f:U×Ω𝕂 avec Un un ouvert.

On suppose :

  1. 52.

    Pour tout xU, tf(x,t), est intégrable sur Ω.

  2. 53.

    Il existe N avec μ(Nc)=0, tel que pour tout tN, la fonction xf(x,t) admet une i-ème dérivée partielle sur U.

  3. 54.

    (Hypothèse de domination) Pour tout compact KU, il existe une fonction intégrable gKL1(Ω) telle que

    tN,xK,|fxi(x,t)|gK(t).

Alors la fonction xF(x)=Ωf(x,t)𝑑μ(t) admet une i-ème dérivée partielle sur U, fxiL1(Ω) et :

Fxi(x)=Ωfxi(x,t)𝑑μ(t).
Remarque 4.7.

Soit f=(f1,,fm):U×Ωm avec Un un ouvert. Si chaque fi(x,.) est intégrable sur Ω pour tout xU, on peut définir l’intégrale coordonnée par coordonnée:

Ωf(x,t)𝑑μ(t)=(Ωf1(x,t)𝑑μ(t),,Ωfn(x,t)𝑑μ(t)).

Alors le théorème s’applique en remplaçant la valeur absolue par la norme dans la domination (et en appliquant le résultat coordonnée par coordonnée.)

Démonstration : 

On peut supposer n=m=1 (car les dérivées partielles se calculent coordonnée par coordonnée). On fixe x0 et montre la dérivabilité en x0. On pose h(x,t)=0 si tNc et pour tN

h(x,t)={f(x,t)f(x0,t)xx0,sixx0fracfx(x0,t)sinon.

Pour xx0,

F(x)F(x0)xx0=Ωh(x,t)𝑑μ(t).

Il suffit donc de prouver que xΩh(x,t)𝑑μ(t) est continue en x0. Par hypothèse, th(x,t) est mesurable pour xx0 et par exemple en tant que lim inf (sur N ) aussi ex x0 et xh(x,t) est continue pour tN (par continuité d’une fonction dérivable d’une variable). Enfin l’inégalité des accroissements finis à xf(x,t) donne, pour xx0, xK=[x0ϵ,x0+ϵ]U (un compact car fermé borné de contenu dans U pour ϵ assez petit):

h(x,t)supu[x0,x]|fxi(u,t)|gK(t).

La même inégalité étant évidente en x0, on a la condition de domination et le théorème de continuité appliqué à K conclut.   □

Corollaire 4.40 (Théorème de dérivation successive).

Soit f:U×Vl avec Un,Vm des ouverts, une fonction 𝒞k (k{}). Soit μ une mesure sur une tribu 𝒯(V).

On suppose qu’il existe ϕ0,ϕ1,,ϕk μ-intégrables sur V telles que f(x,t)ϕ0(t) et

(i1,,in),i1++in=pk,xU,tVpfx1i1xnin(x,t)ϕp(t).

Alors la fonction xF(x)=Vf(x,t)𝑑μ(t) est de classe 𝒞k sur U et pour p=i1++ink:

pFx1i1xnin(x)=Vpfx1i1xnin(x,t)𝑑μ(t).
Démonstration : 

Il suffit d’appliquer le théorème de dérivation avec condition de domination par récurrence simple (coordonnées fi par coordonnée f=(f1,,fn)) . La mesurabilité de f vient de sa continuité vu que 𝒯 contient les boréliens. Son intégrabilité vient de la domination |f(x,t)|ϕ0(t) et sur les autres dérivées successives des autres dominations. On peut prendre N=∅︀.   □

7.1 Un exemple : la transformée de Fourier d’une mesure avec moments d’ordre 2.

Soit μ une mesure (de masse) finie sur (n) (par exemple une probabilité à densité par rapport à λ) tel que xi,xixj,i,j=1,,n sont intégrables c’est à dire:

n|xi|𝑑μ(x)<+,n|xixj|dμ(x)<+.

On verra plus tard grâce à l’inégalité de Cauchy-Schwarz qu’il suffit de supposer xi2 intégrable. On reprend la transformée de Fourier vu en TD et à l’exemple 4.8 qui est définie par :

μ^(ξ)=neiξ,x𝑑μ(x)=f(ξ,x)𝑑μ(x),f(ξ,x)=eiξ,x.

f est C2 (même C) sur 2n et vérifie les dominations:

|f(ξ,x)|1
ξif(ξ,x)=ixieiξ,x,|ξif(ξ,x)||xi|
2ξiξjf(ξ,x)=xixjeiξ,x,|2ξiξjf(ξ,x)||xixj|

et par l’hypothèse μ de masse finie, 1 est intégrable et par les hypothèses d’intégrabilité, les autres membres de droite des dominations sont intégrables aussi par rapport à μ. Par le théorème de dérivation avec condition de domination, on déduit donc que μ^ est C2 et :

ξiμ^(ξ)=inxieiξ,x𝑑μ(x)2ξiξjμ^(ξ)=nxixjeiξ,x𝑑μ(x).

Cet exemple sera utilisé au S6 pour montrer le Théorème centrale limite dans n.