12 Intégrale de Riemann à valeur Espace de Banach

Nous référons par exemple au Gourdon d’Analyse [5] (chapitre 3 secion 1) pour cette section. Soit F un evn complet. Soit I=[a,b] un segment. On rappelle les définitions:

Définition 2.25.

Une subdivision de [a,b] est suite finie (ai)i=0,,n de la forme a=a0<a1<<an=b. Une fonction continue par morceaux sur I est une fonction f:IF telle qu’il existe une subdivision (ai)i=0,,n, telle que pour i[[0,n1]], chaque restriction f]ai,ai+1[ est continue et admette des limites en ai,ai+1. Une fonction f:IF est dite en escalier si il existe une subdivision (ai)i=0,,n, telle que pour i[[0,n1]], f]ai,ai+1[ est constante.

On définit E=𝒞M(I,F) l’ensemble des fonctions continues par morceaux sur I à valeur F. Comme chaque prolongement par continuité de f]ai,ai+1[ est continue sur un compact [ai,ai+1], donc bornée, les fonctions continues par morceaux sont bornées. On note DE l’ensemble des fonctions en escaliers.

E est donc un Evn (PAS complet) pour la norme de la convergence uniforme, si fE :

fE=suptIf(t)F.

On va utiliser le théorème suivant de prolongement des applications linéaires continues pour définir l’intégrale à valeur dans F. C’est une application immédiate du Théorème 2.27:

Proposition 2.50.

Toute application linéaire continue u d’un sous-espace vectoriel dense D d’un evn E vers un evn complet F se prolonge en une unique application linéaire continue v:EF, ayant la même constante de lipschitzianité que u.

Démonstration : 

Comme u est continue donc K-lipschitzienne (par proposition 2.29) donc uniformément continue, l’unique prolongement est donné par le Théorème 2.27.

Si xnx,yny en passant à la limite dans la relation u(αxn+βyn)=αu(xn)+βu(yn), on déduit que v est linéaire et avec u(xnyn)Kxnyn, on déduit que v est K-lipschitzienne.   □

Pour une fonction en escalier ϕ:[a,b]F de subdivision (ai)i=0,,n. On définit

I(ϕ)=[a,b]ϕ(t)𝑑t=i=1n(aiai1)ϕ(ai1+ai2).

I est une application linéaire continue, car par l’inégalité triangulaire

I(ϕ)i=1n|aiai1|ϕ(ai1+ai2)FϕE|ba|.

Comme les fonctions en escalier sont denses dans les fonctions continues par morceaux (exo. TD), la proposition précédente permet d’étendre l’intégrale comme quand F= et on a :

Définition 2.26.

L’intégrale des fonctions continues par morceaux 𝒞M(A,F) est l’unique prolongement linéaire continu de l’intégrale des fonctions en escaliers, noté ab𝑑tf(t)=abf(t)𝑑t.

Proposition 2.51.

(Inégalité triangulaire) ab𝑑tf(t)Fab𝑑tf(t)F.

Démonstration : 
I(ϕ)Fi=1n|aiai1|ϕ(ai1+ai2)F=abϕ(t)F𝑑t

pour ϕ en escalier et on prolonge par continuité.   □

On a toutes les propriétés usuelles, Chasles, linéarité, en particulier si F=n et f=(f1,,fn) abf(t)𝑑t=(abf1(t)𝑑t,,abfn(t)𝑑t).

12.1 Rappel sur les Intégrales impropres

Définition 2.27.

Pour une fonction f continue sur un intervalle I qui n’inclut pas toutes ses bornes ou qui n’est pas borné, on définit l’intégrale impropre de la manière suivante :

  1. 42.

    Dans le cas I=[a,b[ avec a<b, b{+}

    abf(x)𝑑x=limcbacf(x)𝑑x
  2. 43.

    Dans le cas I=]a,b] avec a<b, a{}

    abf(x)𝑑x=limcacbf(x)𝑑x
  3. 44.

    Dans le cas I=]a,b[ avec a<b, a{}, b{+} on prend a<c<b et on pose

    abf(x)𝑑x=acf(x)𝑑x+cbf(x)𝑑x.

Dans tous ces cas, on dit que l’intégrale est convergente si la limite existe et est finie.

Dans tous les cas, on s’occupera surtout du cas I=[a,b[ puisque le cas I=]a,b] est similaire en remplaçant f par xf(x)

Le cas le plus important est le cas suivant (car on va disposer de théorèmes de comparaison avec des fonctions positives de références):

Définition 2.28.

Pour une fonction f continue sur un intervalle I (comme dans la définition précédente) est dite intégrable sur I si ab|f(x)|𝑑x converge. Dans ce cas on dit aussi que abf(x)𝑑x est absolument convergente.

Exercice 2.4.

Convergence et valeur de

011x𝑑x.

La limite infinie est en 0. Donc Soit t>0 on Calcule t11x𝑑x=[2x]t1=22t. La limite en t0 est finie donc l’intégrale converge et vaut 2.

12.2 Exemples de référence (à connaître TRES BIEN)

  1. 45.

    0ex𝑑x converge et vaut 1. En effet,0Aex𝑑x=1eAA1.

    Plus généralement, 0eax𝑑x converge si et seulement si a ¿ 0, et vaut alors 1/a.

  2. 46.

    11tα𝑑t converge si et seulement si α>1 (intégrale de Riemann) et vaut

    11tα𝑑t=1α1,α>1,
    11tα𝑑t=+,α1.

    En effet, si α0, 1A1tα𝑑t=Aα+11α+1 et pour α>1, Aα+1A+0, tandis que pour α<1 Aα+1A++

    Si α=1, 1A1t𝑑t=ln(A)A++

  3. 47.

    011tα𝑑t converge si et seulement si α<1 (intégrale de Riemann) et vaut

    011tα𝑑t=11α,α<1
    011tα𝑑t=+,α1

    .

    En effet si α0, a11tα𝑑t=1aα+1α+1 et pour α>1, aα+1a0+, tandis que pour α<1 aα+1a00

    Si α=1, a11t𝑑x=|ln(a)|a.

  4. 48.

    01tα𝑑t=+ diverge toujours pour tout α(en combinant les 2 points précédents).

12.3 Théorèmes de comparaison

Le contexte est le suivant : on se donne une fonction continue f:I=[a,b[ et on étudie la nature de l’intégrale impropre abf(x)𝑑x

La méthode la plus simple consiste à chercher une fonction convenable continue et positive g:I=[a,b[[0,[ et de comparer f à g. Les trois résultats de base à utiliser sont les suivants (avec C¿0 une constante).

Théorème 2.52.

Théorème de comparaison .

  1. 49.

    Si |f(x)|Cg(x), x[a,b[, et si abg(x)𝑑x converge, alors abf(x)𝑑x converge (absolument).

  2. 50.

    Si f(x)Cg(x), x[a,b[ et si abg(x)𝑑x=+ alors abf(x)𝑑x=+.