11 Compacité dans les espaces métriques

Définition 2.23.

Soit K une partie de (X,d) espace métrique K est dite (séquentiellement) compacte si elle possède la propriété suivante (dite de Bolzano-Weierstrass) : De toute suite de K, on peut extraire une suite convergente dans K.

Rappel 2.11.

Dans le théorème de Bolzano-Weierstrass indique que toute suite bornée admet une sous-suite convergente et donc que tout fermé borné est compact.

Proposition 2.40.

Un compact K d’un espace métrique X est un fermé borné de X. Un sous-ensemble fermé d’un compact est compact. Le produit de 2 espaces compacts est compact.

Démonstration : 
  1. 38.

    Un compact K est fermé, car si une suite (un) converge vers l dans E, elle admet une sous-suite convergeant vers kK, dont la limite est nécessairement l=k (proposition 2.4), donc lK.

  2. 39.

    On montre par contraposée qu’un ensemble non borné A ne peut pas être compact. Si A non-borné, soit xnA tel que d(xn,y)n, si une suite extraite xϕ(n)x convergeait, elle serait bornée, ce qui n’est pas le cas car d(xϕ(n),y)ϕ(n)n.

  3. 40.

    Si FK avec K compact, F fermé, une suite de F admet une sous suite convergeant dans K par compacité, donc sa limite est dans F par fermeture, d’où F compacte.

  4. 41.

    Si K,L sont compacts, pour une suite (xn,yn)K×L, on extrait une suite (xϕ(n)) convergente dans K, puis on réextrait (yϕ(ψ(n))) convergente dans L (et a fortiori (xϕ(ψ(n))) est aussi convergente) donc (xϕ(ψ(n)),yϕ(ψ(n))) converge dans K×L.

Exemple 2.17.

Soit F={(x,y)2,xy=1} est fermé mais pas compact. En effet, si f(x,y)=xy est polynomiale donc continue 2 donc F=f1({1}) est fermé comme image réciproque d’un fermé par une application continue. Mais F n’est pas compact car pas borné. xn=(1/n,n)F et xn=n.

Remarque 2.12.

En général dans un evn un fermé borné n’est PAS toujours compact. Dans C0([0,1],), montrons que la boule unité fermée n’est pas compacte. fn(x)=xn vérifie fn=1, mais comme fn(x)f(x) (on dit converge simplement vers f) avec f(x)=0 si x<1, f(1)=1, donc f non continue. Toute suite extraite de f devrait converger vers cette limite qui n’est pas continue, donc elle ne peut pas converger dans C0([0,1],) vers cette limite qui n’est pas dans C0([0,1],). En général, on peut montrer que les boules fermées d’evn sont compactes si et seulement si l’evn est de dimension finie, on montre une implication ci-dessous.

Théorème 2.41.

Si u:EF est continue et KE est compacte alors u(K) est compacte.

Démonstration : 

Soit yn une suite de u(K) donc yn=u(xn) ,avec (xn) suite de K, on extrait donc une suite xϕ(n) convergeant vers xK. Par continuité, la suite extraite yϕ(n)=u(xϕ(n))u(x)u(K).   □

Corollaire 2.42 (Thm. de Weierstrass).

Si KX espaces métriques est compacte et f:K est continue, alors la fonction f est bornée et atteint ses bornes : x0,x1K,xKf(x0)f(x)f(x1).

Démonstration : 

f(K) est compacte donc fermée et bornée. Donc f est bornée, et le f(K) contient son sup et son inf (par fermeture) c’est-à-dire, il existe y0,y1f(K) y0=infxKf(x), y1=supxKf(x). Finalement yi=f(xi) avec xiK.   □

Corollaire 2.43.

Soit X,K deux espaces métriques avec K compact et f:KX une bijection continue, alors f est une homéomorphisme (c’est-à-dire f1 est continue et X est aussi compacte).

Démonstration : 

Comme f bijective, pour un fermé FK, donc un compact, (f1)1(F)=f(F) est l’image directe du compact F dans X, donc est compact donc fermé. f1 envoie donc un fermé sur un fermé, donc est continue par caractérisation topologique de la continuité (Proposition 2.22).   □

Théorème 2.44.

Dans un evn de dimension finie, les compacts sont exactement les fermés bornés.

Démonstration : 

Il reste à montrer que les fermés bornés sont compacts. D’après le théorème 2.34 un isomorphisme linéaire u de E sur 𝕂n est continu de (E,||.||) sur (Kn,||.||), et u1 également. u(K) est fermé comme image réciproque d’un fermé par u1 continue, u(K) est borné comme image d’un borné par une application lipschitzienne. Donc L=u(K) est un fermé borné de (Kn,||.||). Il suffit de voir que c’est un compact, car alors K=u1(L) est compact comme image continue d’un compact (theorème 2.41). Soit (xp)=(xp(1),,xp(n)) une suite de L, par définition de la norme (xp(i)) sont bornés, elles admettent donc, par le théorème de Bolzano-Weierstrass dans 𝕂, une sous-suite simultanément convergente. xϕ(p)(i)x(i) Donc si x=(x(1),,x(n)), on a xϕ(p)x=maxi=1n|xϕ(p)(i)x(i)|0 et comme L est fermé; xL ce qui conclut.   □

Exemple 2.18.

Soit K={(x,y)2x2+y2/2=1} est compact. En effet, si f(x,y)=x2+y2/2 est polynomiale donc continue 2 donc F=f1({1}) est fermé comme image réciproque d’un fermé par une application continue. De plus KB||.||,F(0,2) donc K est borné, donc fermé borné dans 2 de dimendion finie, donc K est compact.

Exemple 2.19.

Soit g:K définie par g(x,y)=x2+y2 g est continue donc atteint ses bornes sur K compact. En effet g est la distance euclidienne à l’origine, il est facile de voir qu’elle atteint son maximum 2 en (0,±2) sur K et son minimum 1 en (±1,0) sur K. Le théorème des extremas liés permettra de retrouver ce résultat pour des g et des K plus généraux.

Théorème 2.45 (de Heine).

Toute fonction continue f sur un compact KX est uniformément continue.

Démonstration : 

Soit g:(x,y)d(f(x),f(y)) de K2 dans elle est continue (pour la distance produit sur X2 par composition) donc g(K2) est compact. Soit ϵ>0 reste à trouver un δ de continuité uniforme.

A={(x,y)K2|d(f(x),f(y))ϵ}=g1([ϵ,+[)

est fermé dans K2 donc compact. Donc l’application continue (x,y)d(x,y) atteint sa borne inférieure m. On a m0 car sinon on aurait un (x,x)A, ce qui n’est pas possible vu ϵ>0.

Finalement si δ>0 est tel que δ<m, si d(x,y)δ, on a (x,y)A, donc d(f(x),f(y))<ϵ.   □

11.1 Complément: un résultat reliant complétude et compacité (facultatif)

Proposition 2.46.

Tout espace métrique compact X est complet.

Démonstration : 

Soit (xn) une suite de Cauchy de X, elle admet par compacité une suite extraite convergente, donc elle converge (proposition 2.5).   □

Définition 2.24.

Un espace métrique (X,d) est précompact si pour tout ϵ>0, X peut être couvert par un nombre fini de boules ouvertes de rayon ϵ.

On rappelle le résultat suivant (cf. e.g. Zuily-Quéffelec [6, Th II.1 p135] ou Gourdon d’Analyse [5, p 32]) ou la proposition A.7.

Proposition 2.47.

Un espace métrique X est compact si et seulement si il est précompact et complet.

11.2 Complément: Compacité topologique (facultatif)

On rappelle le résultat suivant (cf. e.g. Gourdon d’Analyse [5, Thm 1 p 28])

Théorème 2.48 (Propriété de Borel-Lebesgue).

Pour un ensemble K d’un espace métrique X est compact, si et seulement si, pour tout (Ui)iI est un recouvrement de K par des ouverts Ui de X, au sens où KiIUi alors K admet un sous-recouvrement fini: il existe I0I fini tel que KiI0Ui.

En passant au complémentaire et à la contraposée, on obtient aussi la version équivalente:

Théorème 2.49.

Pour un ensemble K d’un espace métrique X est compact, si et seulement si, pour tout (Fi)iI est un fermé de K, si pour toute intersection finie (i.e. avec I0 fini) est non-vide iI0Fi∅︀ alors l’intersection complète est aussi non-vide iIFi∅︀.